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Les archives sportives, une entreprise de longue haleine

les archives sportives, une entreprise de longue haleinePas de répit pour le sport ! Alors que l’Euro et le Tour de France viennent tout juste de se terminer, il est temps de se préparer pour l’ouverture imminente des Jeux Olympiques 2016 à Rio de Janeiro.

Créé en 1896 tel qu’on les connaît aujourd’hui, cet évènement majeur rassemble les plus grands sportifs de haut niveau du monde. Mais derrière chaque sportif se trouve un homme de l’ombre souvent méconnu et dont on parle moins souvent, l’entraîneur.

« On reconnaît à l’entraîneur 10% de la réussite de l’athlète. On lui attribue aussi volontiers 90% de la responsabilité des échecs. » (Philippe Tourret)

Hommes et femmes de terrain passionnés, ils sont pourtant dépositaires de savoir-faire indispensables. Pour l’entraîneur, la transmission de ses connaissances est une entreprise primordiale mais précaire puisqu’elle ne se fait plus dès l’instant qu’il quitte le terrain. C’est donc une mémoire fragile et éphémère qui est vouée à disparaître si elle n’est pas recueillie et conservée.

Consciente de l’urgence, le Conseil International des Archives (ICA) crée en 2004 la section des Archives du sport. Protéger la mémoire du sport en impliquant tous les représentants du monde sportif, voilà le challenge qu’elle s’est lancée. Mais alors que l’état de ces archives va en s’améliorant, on note encore aujourd’hui la sous représentation des archives d’entraîneurs. Un constat qui a amené l’Association des Amis de l’INSEP à engager une collecte d’entretiens oraux intitulée « Mémoires d’Entraîneurs ». Cette contribution à la mémoire collective est l’occasion pour l’institution de ressortir ses trésors en accompagnant les témoignages d’archives audiovisuelles et photographiques. Une démarche qui témoigne de l’intérêt des acteurs du sport pour la sauvegarde de leur patrimoine.

André Gardien, ancien entraîneur d’athlétisme, fait d’ailleurs part, lors d’une interview, d’une précieuse anecdote : «j’ai consulté avec beaucoup d’intérêt ce qu’on avait récupéré de notes allemandes d’avant la guerre de 39, qu’on a retrouvé à Antibes dans les archives militaires où il était question déjà de l’entrainement par intervalles qu’on ne connaissait pas en France, et je me suis lancé là dessus, j’ai commencé l’entrainement par intervalle. ». Le sport a une mémoire et la conserver permet de faire évoluer les pratiques.

Mais les entraîneurs puisent également dans leurs propres archives en les utilisant comme outil de motivation pour les athlètes. A l’image d’un grand nombre de confrères, Rodolphe DARSAU, entraîneur et coach physique, tient des carnets de notes pour chaque saison, dans lesquels sont recueillies toutes les informations concernant les entraînements de chacun de ses athlètes. Un outil de travail conservé toute une vie, qui permet de rétroagir, d’établir des constats et de s’adapter en conséquence pour faire évoluer la pratique du sport.

Jacques Piasenta, célèbre entraineur de Marie-José Pérec et écrivain, va plus loin en mobilisant l’audiovisuel.  Utilisé à bon escient, « le visionnement de leurs prestations chronologiques archivées sur plusieurs années est un apport psychologique » pour les athlètes.

L’entrainement est la pierre angulaire du développement d’un sportif. Ne serait-ce pas préjudiciable pour l’Histoire du sport que sa mémoire disparaisse sans laisser de trace ?

Camille CAUSSE pour ARCHIVECO